Joseph Kabila à Goma : un mystère qui prend Kinshasa à contrepied

La présence de Joseph Kabila dans la ville de Goma n’est toujours pas affirmée, ni prouvée, en dépit de deux jours de spéculations y relative. Cette mystérieuse information semble avoir emballé toute l’opinion, sans que l’on n’ait le réflexe d’en vérifier la véracité. C’est depuis le vendredi 18 avril que la nouvelle de la probable arrivée de Joseph Kabila dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, a envahi les médias au point de devenir virale sur la toile. Une nouvelle qui, à ce jour, tarde à être prouvée, mais impacte déjà le débat politique jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Tout le monde attendait le retour au pays de l’ancien président de la RDC « par la partie orientale », comme il l’avait annoncé quelques jours plus tôt, par le biais de certains médias. L’attente était si grande que personne n’a pris la peine de s’attarder sur l’authentification de la toute première nouvelle y concordant, relayée par des internautes. Le gouvernement congolais s’est servi de cette situation pour adresser des sanctions, tant judiciaires que politiques, au Président de la République honoraire et à son parti politique, le PPRD. Le ministère de la Justice et Garde des Sceaux a alors enjoint aux juridictions compétentes de poursuivre Joseph Kabila pour « sa participation directe à l’agression menée par le Rwanda à travers le Mouvement terroriste AFC/M23 » et ainsi « procéder à la saisie de l’ensemble de ses biens mobiliers et immobiliers ». Dans son communiqué du 18 avril 2025, le Ministre Constant Mutamba a annoncé avoir pris « des mesures de restriction de mouvement à l’encontre de tous ses collaborateurs impliqués dans cette affaire de haute trahison à l’égard de la Nation ».Au lendemain, le ministère de ministère de l’intérieur, ayant aussi la sécurité dans ses attributions, a sévèrement sanctionné le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), dont Joseph Kabila reste l’autorité morale à ce jour, suspendant ses activités sur toute l’étendue du territoire national. Dans son communiqué, le portefeuille reproche notamment l’ancien chef de l’Etat d’avoir fait un « choix délibéré de rentrer au pays par la ville de Goma sous contrôle de l’ennemi qui assure curieusement sa sécurité ».Ces deux décisions gouvernementales restent pour le moins sans soubassement, au vu de la tournure que prend la question. Certains responsables du PPRD, joints par des médias de la capitale, démentent toute présence de Joseph Kabila dans les zones sous contrôle de la rébellion. Ils accusent par contre le pouvoir de Tshisekedi d’être à la base de cette rumeur, afin de trouver un moyen de faire taire ses opposants. « Ni le Ministre de la Justice, moins encore celui de l’Intérieur ne peuvent prouver leurs allégations sur la présence imaginaire de Kabila à Goma, pourtant ils sont censés être très bien informés. Tshisekedi veut créer une république à pensée unique», a révélé le secrétaire exécutif du PPRD, Ferdinand Kambere.Cette position de l’ancien parti au pouvoir semble révéler la position de Joseph Kabila concernant ce sujet qui ne cesse de défrayer la chronique. Officiellement, Kabila n’est donc pas arrivé à Goma.Du coup, l’opportunité des sanctions, tant à l’égard de Joseph Kabila qu’à l’égard de sa famille politique, suscite des interrogations. Dès lors qu’aucun indice probant n’étaye son séjour dans cette zone, qui échappe au contrôle du pouvoir de Kinshasa, toute initiative punitive à l’encontre du natif de Hewa Bora risque d’être perçue comme de l’acharnement politique.